Togo : La lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest ne peut se faire sans le Mali, le Niger et le Burkina Faso, estime le ministre togolais des Affaires étrangères, S.E Robert Dussey @rdussey
Le ministre togolais des Affaires étrangères, S.E Robert Dussey, a pris la parole lors de la réunion ministérielle de la Coalition mondiale contre Daesh, soulignant l’importance cruciale d’une approche inclusive pour lutter efficacement contre le terrorisme en Afrique, en particulier dans la région du Sahel.
Dans son intervention, Robert Dussey a salué la tenue de cette réunion, qui offre une occasion d’évaluer l’efficacité de la mobilisation internationale contre l’État islamique (EI). Il a rappelé que bien que l’EI ait été affaibli en Irak et en Syrie, il a rapidement trouvé de nouveaux terrains en Afrique, notamment dans le Sahel, en Afrique de l’Ouest et dans la Corne de l’Afrique. Selon le ministre togolais, l’EI constitue une menace pour la sécurité collective, et toute stratégie visant à l’éradiquer doit être globale et coordonnée.
« La lutte contre l’EI doit être la même partout où le mal est présent », a déclaré Robert Dussey. Il a mis en garde contre le risque de focaliser les efforts internationaux sur une seule région, alors que l’EI continue de s’étendre à travers des alliances avec des groupes locaux dans d’autres parties du monde.
Une coalition transnationale indispensable
En 2023, le Togo a rejoint la Coalition contre Daesh, convaincu que cette plateforme internationale était la plus à même de vaincre l’État islamique. Aujourd’hui, cette conviction demeure intacte, et Robert Dussey a exprimé sa satisfaction quant aux efforts du Groupe de réflexion Afrique de la Coalition, notamment à travers son Plan d’Action. Ce plan met l’accent sur plusieurs axes prioritaires : le renforcement de la sécurité transfrontalière, l’utilisation des technologies biométriques, le soutien à la résilience des communautés, et la lutte contre la désinformation, le recrutement de combattants extrémistes et le financement du terrorisme.
Le ministre a rappelé que le Togo, notamment dans sa région septentrionale, a subi ces trois dernières années des attaques terroristes sporadiques. Face à ces menaces, le pays mène une riposte active contre les tentatives de déstabilisation. Toutefois, pour que la lutte contre l’EI et le terrorisme international soit véritablement efficace en Afrique de l’Ouest et au Sahel, il est nécessaire de garantir davantage de cohérence et de transparence dans les stratégies internationales, a souligné Robert Dussey.
Transparence et implication des États du Sahel
Robert Dussey a également attiré l’attention sur un phénomène préoccupant : une partie de la population de la région est convaincue que certains partenaires internationaux ne jouent pas franc jeu dans la lutte contre le terrorisme. Selon lui, cela sape la légitimité des efforts déployés et devrait inciter les partenaires à faire preuve de précaution, de transparence et de responsabilité dans leurs interventions en Afrique.
Pour clore son intervention, le ministre togolais a insisté sur la nécessité d’inclure les pays de l’Alliance des États du Sahel – le Mali, le Niger et le Burkina Faso – dans toute stratégie de lutte contre le terrorisme. « On ne peut être efficace dans la riposte contre l’EI en Afrique de l’Ouest et au Sahel sans impliquer le Mali, le Niger et le Burkina Faso dans les stratégies, malgré les recompositions géopolitiques en cours », a-t-il affirmé.
En effet, malgré les tensions géopolitiques actuelles et les récentes évolutions politiques dans ces pays, Robert Dussey estime qu’ils demeurent des partenaires indispensables pour stabiliser la région et vaincre le terrorisme. Exclure ces nations des efforts de lutte contre l’EI, en raison de leurs changements politiques récents, mettrait en péril l’efficacité des stratégies de sécurité internationales dans la région.