Militaire, président révolutionnaire, écologiste, féministe : Thomas Sankara était charismatique, souriant et il avait la parole facile. Pour plusieurs, il incarnait l'espoir des peuples africains, mais ses dérives autoritaires lui ont aussi attiré des ennemis. Le professeur de science politique Issiaka Mandé nous parle du politicien burkinabé surnommé « l'étoile filante de la fierté africaine ».
Thomas Sankara voit le jour en 1949 dans la région de Yako, à 100 km de la capitale, Ouagadougou. Son père est un ex-soldat et un gendarme, qu’il suit au gré de ses affectations dans le pays.
Marchant dans les traces de son père, il reçoit une formation militaire, en grande partie à Madagascar : « C’est aussi là qu’il se forge, en fait une bonne culture, parce que c’étaient beaucoup des officiers de gauche progressiste. Ce bagage va le suivre », raconte Issiaka Mandé.
Au Burkina Faso, l’armée est au pouvoir depuis 1966, à l’exception d’une parenthèse de six ou sept ans. En 1980, des colonels mènent un coup d’État, et Thomas Sankara est nommé secrétaire d’État à l’information. Il est arrêté à quelques reprises et il quitte ce gouvernement.
Un autre coup d’État a lieu et il est nommé premier ministre du pays en janvier 1983. Ses politiques sont cependant considérées comme étant trop progressistes et il est arrêté quelques fois. « La jeunesse se mobilise pour lui », affirme Issiaka Mandé. Le 4 août 1983, son frère d’armes Blaise Compaoré prend la tête d’un autre coup d’État. Cette fois, Thomas Sankara est nommé président, en 1984, à 33 ans.
Très vite, il met en œuvre une série de réformes, avec en priorité la lutte contre la corruption et l’autosuffisance alimentaire. Il change également le nom du pays, la Haute-Volta, pour Burkina Faso, ce qui signifie « le pays des hommes intègres ».
Pour ce président, la libération de l’Afrique passe aussi par les femmes, une idée audacieuse au début des années 1980 dans ce continent.
La révolution de Thomas Sankara penche parfois vers une dérive autoritaire. Les partis d’opposition sont muselés et la population est surveillée. Le président se fait des ennemis au pays et à l’étranger. En 1987, il est assassiné. Issiaka Mandé divulgue les raisons de cet acte et qui l’a commis.
Enfin, il explique pourquoi l’homme est déifié aujourd’hui : « Sankara, ce n’est pas un héritage burkinabé. C’est un héritage africain », dit-il.